Gestion des émotions : canaliser les crises de colère de l’enfant
Lorsque l’on parle d’éducation bienveillante ou de parentalité positive, la question des émotions est incontournable car elle est au centre de cette approche.
La gestion des émotions est très difficile et principalement les crises de colère de l’enfant. Quand les enfants sont submergés par une émotion, agréable ou non, ils ne savent pas comment l’accueillir. Notre rôle de parent est de les accompagner pour comprendre et interpréter ce qu’ils ressentent intérieurement.
Les premières émotions :
De manière générale, l’enfant commence à se laisser déborder par ses émotions vers l’âge de 4 ans et ce n’est que vers 6 ans que l’enfant parviendra à réguler ses émotions seul (ou presque). La régulation des émotions n’est pas possible avant car la maturation de la partie du cerveau qui contrôle les émotions n’a pas commencée. En attendant cette maturation, il existe (et heureusement) des techniques pour aider nos enfants à gérer leurs émotions au quotidien.
Zoom sur la colère :
Dans cet article, j’aimerai vous parler des crises de colère chez l’enfant car c’est l’émotion la plus redoutée par les parents. La colère est l’émotion la plus difficile à appréhender et à canaliser. L’important avec la colère des enfants est de comprendre ce qui l’a déclenchée : Un jouet perdu ? Une dispute ? De la fatigue ? Une frustration ? Dites vous bien qu’une colère ne se déclenche jamais toute seule !
→ Dans 80 % des cas, les crises de colère de l’enfant cachent une grosse fatigue de l’enfant. Il n’est plus capable de se contrôler et il suffit d’une petite contrariété pour déclencher sa colère.
→ Dans les 20 % restants, la colère peut s’expliquer par un besoin non assouvi.
Soit le parent peut y remédier et apporter une solution à son enfant.
Soit nous sommes responsables de sa colère car nous n’allons pas dans son sens. Dans ce cas, la situation est plus complexe.

Je vous propose de canaliser les crises de colère de l’enfant en 4 étapes :
>>> Décrire la situation
C’est très simple, il suffit de décrire le plus naturellement possible la situation actuelle. Nous reprendrons chacune de ces étapes, à la fin de l’article, avec deux exemples concrets issus du quotidien.
>>> Partager l’émotion
Dans cette étape, il est important de partager votre émotion, votre ressenti (ou celui de la personne concernée…) suite au comportement de l’enfant. L’enfant doit comprendre que son comportement peut avoir aussi des répercussions sur les autres. Vous pouvez également compatir pour ce que l’enfant ressent.
>>> Accompagner le retour au calme
Les crises de colère sont souvent accompagnées de pleurs ou de frustration. Dans cette étape, l’important est d’arriver à faire descendre la tension chez l’enfant afin d’avoir une discussion constructive avec lui. Certains enfants auront besoin d’un câlin, d’autres auront besoin de s’isoler; à vous de trouver ce dont l’enfant a besoin pour se canaliser. Si l’enfant est encore émotionnellement contrarié, il ne faudra pas passer à l’étape suivante car il ne sera pas réceptif. La redirection peut se faire plus tard, voire le lendemain de la situation conflictuelle.
>>> Rediriger le comportement
Dans la parentalité positive on parle de redirections plutôt que de punitions. Dans ce modèle d’éducation, les punitions sont à bannir car elles ne sont pas constructives et n’apporteront rien à l’enfant si ce n’est de la colère et de la frustration.
En effet, on considère que la redirection sera beaucoup plus efficace que les punitions pour travailler sur un comportement qui n’est pas adapté. Quand un enfant a un comportement déplacé, il faut inviter l’enfant à réfléchir à ce qu’il aurait pu faire ou dire différemment.
Afin d’illustrer ces grandes étapes, je vous propose deux exemples concrets.
Exemple 1 : mon enfant ne veut pas partager
Vous êtes au parc, votre fils est sur le toboggan et votre fille à la balançoire. Votre garçon décide que c’est à son tour et votre fille ne veut pas lui prêter et manifeste sa colère. Que pouvez-vous faire ? On va reprendre en détail les 4 étapes définies ci-dessus.
- « Je vois que tu es très en colère car je t’ai demandé de laisser la balançoire à ton frère alors que tu n’en n’avais pas envie ».
- « Je comprends que tu aies encore envie de faire de la balançoire, c’est très énervant de devoir arrêter mais ton frère voudrait aussi en faire, il doit être triste. »
- « Si tu as envie je peux te faire un câlin en attendant que tu sois calmée, comme ça tu pourras aller faire un peu de toboggan ensuite. »
- En rentrant à la maison, on tente une redirection. « La prochaine fois que nous irons au parc comment allez-vous faire pour partager la balançoire ? »
Exemple 2 : mon enfant s’énerve tout seul
A la maison, votre enfant joue tranquillement avec ses jeux de construction quand il n’arrive pas faire quelque chose. Il s’énerve, crie et jette le jeu dans le salon.
- « Je vois bien que tu es contrarié par ce jouet et que tu l’a jeté dans le salon, qu’est-ce-qui s’est passé ? » (votre enfant va vous expliquer simplement ce qu’il s’est passé)
- « Oui, je te comprends c’est agaçant de ne pas réussir à construire une tour. En revanche, tu sais que je n’accepte pas qu’on jette les jouets par terre. Il y a d’autres façons d’exprimer sa colère ».
- « Je te propose d’essayer ensemble de construire cette tour »
- Une fois la tour construite, on redirige « Qu’est ce que tu aurais pu faire différemment pour exprimer ta colère ? ».
On commence toujours par l’analyse de la situation et on intègre ensuite l’enfant dans la discussion. L’important dans ces moments-là est d’éviter le long discours que votre enfant n’écoutera pas de toute façon.
Généralités
De manière générale, les crises de colère chez l’enfant sont tout à fait normales, elles font parties du développement. L’éducation positive vous aide à réduire le nombre de colères et surtout à mieux les gérer !
Il en est de même pour les adultes, une mauvaise nuit ou une journée difficile au travail et la patience sera mise à rude épreuve. Alors… avant de gronder l’enfant parce qu’il chouine, pleure ou râle, il faut se demander : « comment est-ce que je réagis au quotidien quand quelque chose me contrarie dans la vie professionnelle ou personnelle ? »
Pour faciliter l’apprentissage des émotions, je vous propose un outil très utilisé dans l’éducation positive : la météo des émotions.
Chaque émotion est reliée à un état météorologique, ainsi l’enfant peut tout au long de la journée représenter son émotion. Je vous invite à vous rendre directement sur l’article pour imprimer votre outil : La météo des émotions
A très vite !